Tatyana Nourrit - Psychothérapeute Psychanalyste - Diplômée de l'Université de Montpellier -
Le coin Lecture
Venez voir régulièrement les livres que je vous propose de découvrir - Bonne lecture !
L’homme et sa psychose
Gisela PANKOW (310p)
Gisela Pankow a pratiqué dans deux domaines savamment conjoints entre eux : la psychose et la psychanalyse. Il est vrai qu’aujourd’hui grâce au développement de la psychothérapie et de la psychiatrie cette démarche ne surprend plus autant. Mais à l’époque les psys, travaillant cas par cas, partaient à l’aventure. Cette démarche nous inspire toujours pour avancer dans le domaine de la psychose avec authenticité, originalité, et improvisation.
Par le recours au modelage, mais aussi au dessin, Pankow s’efforce d’inventer les moyens d’accéder au vécu psychotique du malade. Elle nous invite à rien de moins, pour rencontrer le malade dans son monde, que de l’accompagner dans sa « descente aux enfers ». Pour accéder au non-représenté elle procède par la dialectique de la structure de l’espace pour lui donner figure et le rendre représentable.
Alors, il faut y aller, s’engager. Il faut faire tout d’abord avec soi, se déposséder.
Si on comprend que le psychotique n’est pas une erreur à corriger, si on accepte le caractère énigmatique et dérangeant de la structure psychotique, on accepte mieux la singularité humaine qui n’est pas susceptible d’être corrigée. « La psycho-éducation, emblème de cette approche ré-éducative de la psychose, consiste à imposer au malade une logique qui n’est pas la sienne, et qui fait fi de son vécu, de son rapport à lui-même et au monde ». La psychothérapie des psychotiques nous montre que l’enjeu de la psychothérapie est toujours la rencontre, ainsi que Pankow l’a sans cesse rappelé : il s’agit d’aider le malade à retrouver ce dont la psychose l’a privé, « l’accès à l’autre – à quelqu’un qui n’est pas soi-même et qui puisse être désiré».
Cette approche, la structuration dynamique de l’image du corps ne s’applique pas uniquement au malade psychotique mais permet aussi de travailler avec les malades présentant des zones de destructions limitées de leur corps vécu, comme par exemple les personnes souffrants d’addictions, de troubles psychosomatiques ou pour travailler avec les enfants.
L’Ethique de la psychanalyse. Le séminaire. Livre VII
Jaques LACAN (544p)
S’il y a une lecture, une seule à conseiller, pour vous laisser porter par cette pratique qu'est la psychanalyse, pour comprendre ou plus tôt saisir son fonctionnement, ses bases et sa direction, c'est celle-ci.
Qu’est-ce l’Ethique ?
Depuis « L’Etique à Nicomaque », œuvre d’Aristote, qui donne les bases à l’éthique traditionnelle, nous savons que l’éthique est le jugement sur l’acte qui doit servir au bien.
Et la psychanalyse ? Cette pratique, qu’a-t-elle à avoir avec le souci du bien d’un individu ?
Avec la découverte de l’inconscient, les psychanalystes ont démontré qu’il y'a autre chose que détermine notre comportement que les limites imposées par ce qu’on comprend comme le bien.
Cette révolution dans l’éthique, qu’est l’objet de l’analyse de Lacan dans son séminaire VII est la révolution qui met au premier plan le désir, imprévisible, non productif, et inconscient qui renverse la position éthique, en agissant contre ce bien et en nous rendant à nous même pour retrouver notre liberté de se dire, de se constituer, de se découvrir et agir autrement, ce qui n’est pas toujours souhaité, n’est-ce pas ?
Ce bien, attribué à la mère, au père, au chien ou à la bonne, est une source de la culpabilité. Laissons-le à qui le veut et méditons avec Lacan, « que la seule chose dont on puisse être coupable, au moins dans la perspective analytique, c’est d’avoir cédé sur son désir ».
Mal de femme. La perversion au féminin
Alain ABELHAUSSER (405 p)
Actuellement, nous parlons beaucoup de l’égalité « femme-homme » qui, dans certains discours, va jusqu’à l’effacement de la conjonction. S'il n'y avait plus de différences serait il encore pertinent de parler dans ces termes ?
Depuis très longtemps, la psychanalyse parle plutôt de la « position psychique féminine » et de la « façon de jouir » et que l’homme « soit digne, en somme, d’être une femme, parce qu’il n’est pas tout entier pris dans la logique phallique ».
A notre époque le sujet homme, structuré pervers dit narcissique, est popularisé à travers de nombreux écrits en tous "genres". Les femmes sont appelées par les mouvements libérateurs à balancer leur porc, et autre, et parler de leur position de victime, en ouvrant dans le champ de la parole la rendant actrice.
Nous savons également que les couples s’imbriquent autours d’un symptôme suivant souvent la logique compensatrice. Alors si le pervers narcissique ordinaire rode dans les parages, cherchez aussi la femme, certes victime, actrice aussi.
A notre époque, nous pouvons parler des femmes structurées perverses. ... à elles de se débrouiller avec cette structure, de venir l’habiter à leur manière féminine ou masculine.
Les femmes qui font sacrifice de leurs corps.
Les femmes qui montrent leurs ravages qui se déclinent sur le mode de la perversion. Les femmes vampires, et celles qui ne mangent pas, les femmes fausses mortes, les vraies femmes, les banales et les extrêmes…
« Notre puzzle arrive à achèvement. Toutes ses pièces ont été retournées, décrites, placées. Reste à dire l’image qu’il compose » de la « perversion au féminin ».
La la langue
Susie et Aliyah MORGENSTERN (40 p)
Pour les parents :
Lalangue - un néologisme, né du lapsus de Jaque Lacan, aujourd’hui bien connu et repris par les psys du monde entier pour parler de la musique toujours spécifique que la langue produit et qui donne le tempo à chacun.
Pourquoi cela est important ?
Le mot "Lalangue" nous rappelle la lallation, qui n'est autre que la mélodie des premiers mots et premières conversation autours de nous, l'ambiance, le lit d’une langue, le berceau de l’esprit...
Au rythme de ce berceau, le rythme intérieur de l’humain s’installe comme une base et les mots commencent à prendre leurs racines. L’humain ne poussera pas dans le silence, mais dans l’extrême cacophonie, il ne pousserait pas bien non plus.
Ainsi le psychisme de l’enfant s’organise étape par étape, au tempo du bercement corporel et de la vibration linguale qui vire au jasis ou babillage plus varié et rythmé vers le langage de l’échange. L’entrée dans un langage se fait mot par mot et s’avère traumatique pour le sujet qui fait sa deuxième naissance en parlant. Il s'agit d'un trauma parce que chaque mot fait rupture dans la continuité sensorielle de l’enfant, dérange la musique pure du fantasme originaire, et l’extirpe du sentiment océanique alors que lalangue vient faire Handling (ce qui veux dire "soutien" en langue de Winnicott) et continue de bercer.
Pour les enfants :
Il est tellement chouette de pouvoir lire et prendre conscience ensemble des « exploits que tu as accompli pour manier la langue comme personne». Peu importe qu'on dise qu'il est naturel de parler, on nait sans savoir parler, et on ne peut apprendre sans les autres.
Il est super chouette quand tes adultes t’invitent dans leurs langages, en t’accompagnant à ton rythme.
Parler est une aventure et toi - l’explorateur.
Personne ne parlera jamais comme toi. Tu es l’auteur d’une symphonie qui se joue en toi et qu’on peu entendre grâce à l’oreille attentive.
Moi, je laisse faire, je regarde les étincelles
Eric DIDIER (126 p)
Lecture facile et accessible de l’aventure passionnante d’Eric Didier comme psychanalyste des enfants. Car au-delà de ce que nous appelons une psychanalyse , il exprime une manière d’être avec l’enfant, de lui porter son attention et son sérieux, de savoir l’écouter avec intérêt et compassion, - les outils nécessaires à la rencontre.
J’ai reçu ce livre de la part d'une amie rencontrée en stage à la Borde, avec ses mots « Tiens, cela me parle ». Alors, comme c’est aussi d’usage dans la thérapie institutionnelle, l’auteur parle sa propre langue traversée par la langue de Lacan. Pout toute personne qui accompagne les enfants et pour celui qui parlera ainsi à son enfant intérieur. Lecture thérapeutique.